Histoire du Karaté

La légende de Shaolin

En 520, Bodhidharma, selon ses dires descendant du Roi Sughanda, venant des Indes, demande un entretien avec l’empereur chinois Wu (dynastie des Liang). Il entend expliquer au protecteur du bouddhisme en Chine que ses actions valent peu au regard de la recherche de l’illumination (élément essentiel dans cette religion).

Congédié par l’empereur, Bodhidharma (littéralement l’Illuminé) se réfugie au Temple de la Petite Forêt : Shaolin-Shi où il demande asile et protection.Après trois ans de méditation, dans ce temple, déjà célèbre avant son arrivée, Bodhidharma décide de transmettre son enseignement aux bonzes chinois. Mais ces derniers en mauvaise santé car mal nourris ne supportent pas l’immobilité qu’impose la méditation.

A partir des diverses formes gymniques, plus ou moins guerrières qu’il avait appris dans son enfance, Bodhidharma met au point une méthode. Mi-gymnique, mi-martiale, elle est considérée par certains comme étant à l’origine des diverses pratiques martiales réputées du Monastère de la Petite Forêt (Arts Martiaux chinois) et créant des origines profondes aux arts martiaux japonais (Bujutsu et Budo).

En réalité, des pratiques martiales, issus du courant Taoïste, étaient largement développées en Chine avant l’arrivée de Bodhidharma.

Bodidharma

L’île d’Okinawa

okinawa

Située au cœur de l’archipel des Ryu-Kyu, l’île d’Okinawa se trouve à équidistance de la Chine et du Japon. D’une superficie modeste (1220 km²), cette situation géographique a beaucoup influé sur son l’histoire et par conséquent sur celle du karaté.

 En 1404, à la demande du roi d’Okinawa, 36 familles chinoises débarquent sur l’île pour amener leurs savoir-faire (poterie, céramique, construction de bateaux, …). Elles s’installent dans le village de Kume (aujourd’hui un des quartiers de Naha). Elles savent se défendre mais gardent secrètes leurs méthodes de combat. Toutefois, grâce aux fêtes comprenant des démonstrations d’arts martiaux, les autres habitants de l’île ont connaissance de ces techniques et tentent de les imiter.

En 1526, le roi Sôshin promulgue une loi interdisant toutes les armes sur l’île d’Okinawa. Il s’agit d’asseoir son autorité par le monopole des armes laissé à sa milice. Les Japonais ayant envahit l’île en 1609 maintiennent cette interdiction : elle ne sera jamais levée. 

 

De cette interdiction résulte le développement de deux mouvements parallèles.

  • D’une part, les paysans et les pêcheurs commencent à utiliser les instruments de leurs métiers comme armes. Les fléaux, poignées de meule, faux, brides de cheval, rames et autres, se transforment en armes et sont considérés comme les ancêtres du kobudo.
  • D’autre part, la noblesse, déjà détentrice de méthodes de combat, développe ses formes pour arriver à l’art du combat à main nue, le Te. 

 

A la fin du XVIIIe siècle, s’effectue une synthèse entre l’art du Te, originaire d’Okinawa, les arts chinois et japonais. Plusieurs personnages célèbres ont chacun façonné cet art martial.

  • Satugawa Kanga (1782-1838), père fondateur de la branche la plus répandue du karaté moderne, conduisant au shotokan actuel.Son successeur
  • Matsumara Sokon (1798-1890), dit « Bushi » (le guerrier), fonde le jigen-ryu, style puissant où il préconise la répétition du même geste des milliers de fois par jour. Il développa le shuri-te dans un esprit différent de celui de Naha : plus dur, plus direct et qui adopte la distance du sabre (et non celle du corps à corps).
  • Itosu Anko (1830-1915) forme un nombre d’élèves restreint et rigoureusement choisi, dont Gichin Funakoshi. La pratique s’effectue encore chez soi ou dans son jardin, en tenue de tous les jours. 

 

Dans cet art, généralement pratiqué en secret, trois styles distincts se développent.

  • Le shuri-te, de la ville de Shuri, est pratiqué par les samouraïs de la cour.
  • Le Naha-te (du port de Naha)
  • le Tomari (aux portes de Shuri) est davantage le fruit des formes développées par le peuple. 

L’influence déterminante de Gichin Funakoshi

Gichin Funakoshi (1868-1957) va à plusieurs égards révolutionner la pratique de cet art martial.

A la traditionnelle diffusion réduite, il permettra une diffusion plus large grâce à un travail pédagogique. Notamment, les techniques habituellement effectuées les mains ouvertes sont réalisées avec le poing fermé. La paume de la main porte davantage en profondeur et peut donc blesser gravement, limitant l’apprentissage de ses techniques à des disciples dont on pense qu’ils ne feront pas mauvais usage des techniques enseignées. Le poing constitue une arme moins forte qui va de paire avec un développement grand public. Pour autant, cette évolution ne dénature par l’art okinawaïen, fort imprégné de la pratique du makiwara, effectuée essentiellement main fermée.

 

Partant au Japon pour développer son art martial, Gichin Funakoshi y intègrera tout un cérémonial : tenue spécifique, salut, … d’inspiration japonaise.Il introduit l’appellation « karaté » (main vide en japonais). Ce choix indique une certaine rupture de Gichin Funakoshi avec les influences chinoises et okinawaïennes de son art. Il développe le karaté au Japon, art martial qui devient très populaire dans les années 1920 - 1930. Dès les années 1940, l’université devient le premier lieu d’apprentissage du karaté, chaque université se dotant d’une section.

 

En 1948, est fondée la Japan Karate Association (JKA), Gichin Funakoshi en devient le Président et le chef instructeur.Quelques années après la guerre, les forces armées alliées en poste au Japon puis l’ensemble du monde occidental s’intéressent aux arts martiaux japonais : kendo, judo, aikido et karaté. Grâce à des livres, des films et la venue en Occident de maîtres japonais, le karaté se développe.Gichin Funakoshi s’opposant à toute forme de compétition, les premières ont lieu peu de temps après sa mort d’abord au Japon. Leur grand succès populaire consacre cette nouvelle orientation du karaté.